Ma mère me dit toujours qu'il faut que j'arrive à effacer de ma tête ces dates anniversaires... Je ne les efface pas. Je ne sais pas si c'est par envie, par reflexe, par nécessité ou... parce que c'est plus fort que moi.
Quoi qu'il en soit, tout en moi se le rappelle... cela fait une semaine que j'ai énormément de mal à m'endormir, que je dors mal... Je ne suis pas prête d'oublier cette date anniversaire. Comment oublier ce 29 juin 2008 ou notre vie a basculé ?
Cela fait une semaine que je me repasse inlassablement cette journée dans ma tête... j'entends Raphaël gazouillé dans son lit. Yves me dire qu'il est réveillé, qu'il faut que je me lève. Moi lui répondre qu'il gazouille, qu'il peut attendre un peu... Puis me lever pour laisser Yves se reposer. Je nous revoie dans le garage pendant qu'il répare le véhicule de son client. Notre départ pour aller manger chez mes parents, notre dispute pour une broutille, son visage dans le rétroviseur pendant le trajet... notre discussion ou il m'annonce qu'il est très fatigué et que dès que la maison sera finie, il mourra. Ma réaction de colère... comment peut-il penser pouvoir laisser Raphaël grandir seul ?
Notre tour du jardin chez mes parents... On a senti les roses... Le repas... Raphaël qui râle... Yves qui me dit que c'est de la comédie. Moi qui me lève pour aller changer Raphaël... Maman qui me suit... Papa et Yves qui discute. Yves qui dit une blague sur le stade qui vient de gagner la veille le bouclier de Brennus... Et...
"Qu'est ce qui t'arrive Yves ?". Je crois que toute ma vie j'entendrais ces paroles de mon père.
La panique qui m'a saisi. L'appel aux pompiers, et... ce massage cardiaque qui ne l'a pas sauvé. 18 mn avant l'arrivée des pompiers... 2 heures d'attente pendant qu'ils essaient avec le samu de le ranimer. Puis l'annonce... si... évidente...
Ma question... "C'est fini ?". La réponse si tranchante "oui"
J'aurais pû tout affronter avec lui.
J'ai promis pour ce merveilleux fils que je resterais debout quoi qu'il arrive... Ne t'inquiète pas Yves. Je reste debout. Mais je n'oublie pas que malgré tout mon amour, je n'ai pas pû te sauver...
Commentaires